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20 juin 2015 6 20 /06 /juin /2015 17:14

Val Tournenche – Ollomont (47km 3350/3680, 22h (! ...) )

Ce tronçon est considéré comme difficile : un long passage au dessus de 2500m, après 250 km de course. J’ai trouvé cette partie magnifique

Au ravito de barmasse, je recroise Serkan, il a les pieds dans un seau de glaces pour les faire dégonflées. On se souhaite bon courage, il n’a tjs pas retrouvé son jumeau.

Au ravito suivant (vareton ? reboulaz ?) je prends une soupe chaude avec du fromage, c tellement bon que j’en remplis mon bidon. Bon c con en fait car le fromage ne passe pas dans le tuyau et bouche le bidon, quel con ! Je n’ai plus que 2 neurones qui tournent…

Du coup, je dois dévisser le bidon pour boire, c pas terrible. Je commence à avoir sommeil, mais pour le moment, pas de ravito équipé, on continue !

On passe le col du tzan, ensuite un passage technique en pleine nuit, faut rester concentré. Ca a l’air superbe, on voit les profils des montagnes avec la lune

Nouveau col, Terray, et je descends sur le ravito du cuney, il est 2h30 du mat, kaput, au lit. J’avais prévu le coup, j’ai des affaires sèches dans le sac. Je me dépoile, et me couche, le rêve !

1h plus tard, debout, je me dessape à nouveau pour remettre mes fringues de courses. Mauvaise idée, je me pèle torse poils, et mes fringues sont humides. J’ai du mal à me réchauffer, je pars sous la tente du ravito, près du chauffage.

Mes collègues ont des sales gueules J je pars aux toilettes et passe devant une glace, oh la vache !!!! Une gueule de raie : yeux collés par les lentilles, tête dans le Q et visage enflé, pas sex du tout du tout !

vache !! ça fait peur !!

je retourne sous la tente, et prends le temps : thé chaud, sucre, biscuit. J’ai du rester au moins 30 min, la fatigue ne part plus.

Sous la tente, une américaine, un néo-calédonien, un autre gars ,2 bénévoles et moi, ca discute bien.

Allez, 4h on décolle, la base de vie est à coté (25km)

A nouveau de la caillasse, je suis tout seul, mais c’est magnifique, les montagnes se détachent sur le noir de la nuit, il faut que je revienne ici de jour, cette section est vraiment très belle. Je m’arrête régulièrement pour en profiter

Un dernier refuge (clermont), entassés à 8 dans 2 m², je fais la pause dehors pour ne pas trop transpirer, assis avec les jambes en l’air, pour limite les œdèmes, puis non je rentre, ca pèle trop.

Hop, c pas tout ca, la descente vers Oyace commence, l’aube arrive, un nouveau jour commence ! Le dernier ? lors de la descente je crois reconnaître arsim (les lecteurs de kikourou comprendront)

au pays des bisounours

Le chemin est tout doux, on passe en sous bois , je marche tranquillement et crac. Crac ? Oui crac ! Enfin non pas de son « crac » mais qqch me déchire le genou comme une décharge électrique (face interne du genou), bizarre. Y’a eu aucun choc pourtant.

Impossible de plier le genou, c’est comme à la réunion (2011, j’avais fini en boitant sur 30 km, la il en reste 60….). Je continue en boitant jusqu’oyace pour trouver un médecin. Bon je n’avance plus, 5-6 personnes me dépassent, MERDE ! ça me lance, fait ch* !

J’arrive à Oyace (271 km, 20000d+/d-, 95h de course), il est 7h du mat, je suis ~110eme.

gros coup au moral L

A la réunion, on m’avait fait un super strap, ça avait soulagé la douleur et j’avais pu finir. J’essaie de trouver le staff médical, mais rien sur Oyace, faut pousser jusqu’à Ollomont (Base de vie), C’est pas la porte à côté… Abandon? Non ! je vais tenter d’aller à Ollomont et je verrai avec les médecins.

Je récupère une poche de glace, me la met sur le genou, m’allonge et boum, je m’endors pour 1 ( ?) heure.

Une fois réveillé, j’appelle mes fans pour leur dire que je suis coincé à Oyace et que j’aurais à minima 4h de retard à Ollomont.

Puis je recroise une fille super sympa que j’ai vue encourager son mari. On discute, il apparait que son mari 1/ est docteur 2/ a fait l’utmb la semaine d’avant (!!) 3/ s’est fait une entorse à la cheville 3j avant le tor ( !!!) et 4/ tourne sous anti-inflammatoire ( !!!!)

On discute et malgré ma réticence, je prends un anti-inflammatoire, je devrais pouvoir atteindre Ollomont.
Je prends de la polenta et m’installe à table avec Serkan et son jumeau !! Super de se recroiser ! on discute et on s’encourage.

La dessus, ma femme et fille arrivent ! Génial, ça fait du bien au moral de se voir. on discute, je leur explique mon soucis et que je tente d'aller à ollomont pour trouver un medecin.


mais bon, un bisou et il est temps de repartir après 4h d’arrêt ( !!)

non on n'est pas fatigué ! (+ clin d'oeil discret au sponsor)non on n'est pas fatigué ! (+ clin d'oeil discret au sponsor)

non on n'est pas fatigué ! (+ clin d'oeil discret au sponsor)

Je repars en mode bourrin, génial ces anti-inflammatoires ! mais rapidement la douleur revient, et je boite à nouveau

La montée au col Brison est longue, je cogite bcp, mais ça passe, en revanche la descente est douloureuse et tres lente.

J’arrive à Ollomont à 17h (Oyace -> Ollomont : 10h….)

quand faut y aller...quand faut y aller...quand faut y aller...

quand faut y aller...


Ollomont – BV (3h)
Tout le monde m’attend à la BV depuis 12h (Parents, tante, femme et enfant), je suis crevé. Je prends une douche, et pars voir les médecins.

Pour le genou, que d’alle, ils peuvent rien faire (pas de massage, pas de strap, pas de médoc) mais ils mettront 2h à me le dire. « pensez vous que je peux continuer ? » « tu fais comme tu veux », bon me voila bien avancé…. Je souhaitais un avis médical, car apres 110h ce n’est pas évident d’être lucide sur soi et sur les risques qu’on prend.

En revanche ils ont vu mon pied et l’ampoule que j’avais soignée en mettant un strap sur le compeed : ça s’est infecté, ça suinte vert, le compeed a fusionné avec la chair (fallait pas strapper…) bilan, charcutage au bistouri avec la fille de Oyace (re bonjour) et ma femme qui me parlent pour ne pas penser à la boucherie (je douille)

Un fois soigné, je décide finalement de continuer.

Puis repas à la BV (un régal, environ 10 plats au choix)

Allez, je refais mon sac, je mets 200 ans choisir les affaires, à les rentrer et sortir du sac, sous les yeux inquiets de ma famille.

Finalement, j’ai réussi (sauf pour la casquette, que j'oublie) et je repars, il est 20h

Ollomont - Courmayeur ( 50km 3367d+/3521d- 23h ! )

Bien sûr je boite, j'en chie, ce n’est pas facile, mais j’arrive à monter, je dépasse des gens ( !) le moral est là, plutôt en mode résigné.
je passe au refuge et le col du champillon, pfiouu, déjà ça de fait. plus que 50 km et 1 col (malatra)

dans la nuit personne ne vous entendra crierdans la nuit personne ne vous entendra crierdans la nuit personne ne vous entendra crier

dans la nuit personne ne vous entendra crier

Et hop la descente, là ça fait mal, je m’appuie fortement sur les bâtons, les dragonnes me scient les mains je déguste, c’est long, plein de gens me dépassent.

L’un d’eux me demande ce que j’ai, peut être une tendinite que je réponds. (NDLR : en fait fissure du ménisque) Moi aussi me dit il !! mais comment tu fais pour avancer sans boiter ?? j’ai pris des anti inflammatoires !!

Ah…. Il m’explique (comme le medecin/coureur à Oyace) que c’est assez répandu comme pratique. En préventif, dès le début de la course, voire à l’entrainement pour supporter les charges… les bras m’en tombent, qu’est ce que je fais la, qu’est ce que c’est que ce sport ?

je recommence à avoir sommeil, le prochain ravito n'est pas loin, je vais m'y arrêter

apres un temps fou, j'y arrive, il est 1h30 du matin, mais heu finalement non merci je ne vais pas dormir ici : la délivrance (le film), vous connaissez? si non, regardez le et revenez après, si oui, ben tout pareil... 4 bûcherons qui doivent vivre dans 10m2 à 4h de toute autre habitation... ne reste pas ici petit merou, il va t'arriver des bricoles. le sommeil? oublié, la douleur? ou ça? j'accepte qd même un gâteau pour ne pas les vexer, les écoute jouer du banjo, puis je prends mon clic-clac et repars (c'est pas un cochon qu'on entend la bas?)

pfiouuu, quelle frousse (bon 1 an apres, ça va mieux, mais j'en rêve encore)

néanmoins j'ai quand même sommeil, le prochain refuge ( ND des bosses) est à 12km, c'est pas la porte à coté, je somnole en marchant en parlant à haute voix et me répondant dans mes rêves

je délire !!!

à demi conscient je rattrape le gars à la tendinite (c'est de la camelote son anti inf!), il me dit "slow down ! slow down", en effet j'avance bien vite malgré le genou, mais je m'en tape, je ne comprends rien à rien, je veux dormir.

au bout d'un temps infini (serieux, ca n'en finissait pas, heureusement que je divaguais, c'est passé plus vite...) j'arrive à ND des bosses, il est 4h30, j'ai marché à 4km/h (top !!)

je prends un 1/2 gateau, un thé et pars me coucher tout habillé, dans une salle avec 30-50 personnes, pas un bruit (!). Je m'endors en 30 sec pour 2h de dodo ! miam

je me lève, remets les moonrace ( difficilement: pied enflé, genou non pliable, orteil charcuté) et descends dans le hall (toilettes + stand médical) : le carnage !! c'est la cour des miracles !

des coureurs grelottants, déshydratation, hypothermie, vomissement, diarrhées!! ca fait peur !

je vais dans le local médical, mais une urgence arrive : une fille a été redescendue du col malatra, elle n'est pas bien du tout. Elle se fait emmitoufler dans une couverture et s'allonge avec un médecin au dessus d'elle, elle devra abandonner. (hypothermie, -15 au col cette nuit)

une médecin s'approche de moi, je lui montre le genou, encore plus enflé, elle lève les yeux au ciel : tous les mêmes ! me dit elle

je la suis dans le stand : une énorme pharmacie, encore des lit de camps avec des coureurs/ses en piteux état. elle discute avec les autres médecins : il faudrait interdire ces courses! regardez dans quel état ils sont (elle ne parle pas de moi)

comme je lui indique que je souhaite continuer sauf si elle s'y oppose, elle me propose un anti inflammatoire en piqûre.

je dis ok, mais je dois passer un test: faire pipi dans un gobelet pour voir mon état d'hydratation (l'antiflammatoire attaque les reins si tu es déshydraté)

je reviens des toilettes avec un gobelet clair comme de l'eau de roche (merci le bip toutes les 5 min) et je recroise "slow down" en discussion avec la médecin (je retranscris ici leur dialogue, traduit de l"italien)

slow down : mais, vous prescrivez les anti inf, alors que le réglement l'interdit??
medécin : on n'est pas né de la dernière pluie, on sait que vous en prendrez vous-mêmes pour finir. du coup on préfère vous faire les piqûres en faisant les vérifications qui conviennent

sur ce, je baisse mon short (quand une femme veut voir mes fesses je ne résiste pas) et bing, un coup de piqûre dans les fesses : bon pour le service!!

je pars manger un coup, discute avec la medecin (non, je ne peux pas garantir que tu n'auras pas de séquelles, si tu veux continuer c'est toi qui vois)

je finis de m'habiller (les gros yeux à lafuma: leur sur-pantalon n'a pas de devant/derrière !! enfin si, il n'a qu'un seul coté, l'arrière ! tu peux le mettre dans le sens que tu veux, ca n'ira jamais !!!)

et finalement je pars, il est 8h, une superbe journée s'annonce

la route est longue et en plus la pente est raide !la route est longue et en plus la pente est raide !
la route est longue et en plus la pente est raide !la route est longue et en plus la pente est raide !

la route est longue et en plus la pente est raide !

La montée est longue mais ce fait bien. je dépasse de nouveau des gens (même pas mal) et fait un bout de chemin avec un gars du jura : 60-65 ans, 3 PTL, 2 Tor, x utmb, une brute !! lors de sa 1ere PTL il s'est luxé l'épaule dès le début, et il a fini.... wahooo.

je passe le ravito du merdeux (sic) et continue vers le col

c'est vraiment bien foutu, le col représente la fin du tor (grosso modo) et il a la gueule de l'emploi, bravo l'organisation !

un dernier coup de cul, une échelle en métal et ca y est, je suis au col !! La vue est magnifique des 2 cotés du col!

This is the eeeeennnnnnddddddThis is the eeeeennnnnndddddd
This is the eeeeennnnnnddddddThis is the eeeeennnnnndddddd

This is the eeeeennnnnndddddd

c 'est terminé, j'ai réussi !! il est vendredi midi, je peux finir en rampant! quelle émotion !

je craque, je chiale comme une madeleine, impossible de m’arrêter (de pleurer). j'appelle V pour lui dire que c'est bon, le reste c'est une (grosse) formalité, mais j'ai fini ! et pareil je pleure au téléphone.

j'amorce la descente avec les larmes aux yeux, puis l'émotion s'en va : bon il reste encore du trajet mon garçon et tu n'avances pas vite. la descente est toute douce, en balcon, plein de gens me dépassent à nouveau, que c'est frustrant...

enfin bon, 2h30 plus tard j'arrive à bonati (2h30, les connaisseurs apprécieront....)

je m'allonge sur un banc et dors 15-20 min

allez direction Bertone! j'ai déja fait le chemin lors de l'utmb 2013, je sais que c'est "facile", mais long

un long calvaire en effet (à nouveau 2h .... bravo l'artiste), Oscar perez me dépasse (sisi), flute ! je suis quand même vert, j'étais 100eme et la je dégringole, bon c'est la vie, mais ça fait mal au Q !

Finalement Bertone est en vue (et quand on le voit, il reste 50m), une fille me soutient par l'épaule sur les derniers mètres (merci)

Bonati Bertone , B initials B initials B initials BBBonati Bertone , B initials B initials B initials BB

Bonati Bertone , B initials B initials B initials BB

allez, il me reste une paille (4km, 2h...), mais je sais que la descente est raide. je sers les dents et me voila en bas sur le bitume, je pleure à nouveau, quelle mauviette !

la fin est facile, je suis entre 2 eaux ; euphorie et douleur et je bascule coté euphorie: V et L sont la, mon père aussi, je pleure à nouveau !

voici l'église, on tourne à droite, je vois le tapis rouge, la ligne d'arrivée...
on est le vendredi 12/09, il est 19h30 et je suis FINISHER !!!!!

hall of fame !hall of fame !
hall of fame !hall of fame !

hall of fame !

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commentaires

Y
Super! Bravo à toi!
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D
Un tres beau recit qui fait rever ! Chapeau bas l'artiste!
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