le début c'est ici: http://au-fil-du-vent.over-blog.fr/2014/09/tor-des-geants-2014-le-cr.html
la vidéo complète est ici : https://www.youtube.com/watch?v=8LX7fSrJSbA
Donnas - Gressoney (51 km, 4800d+/3700d-, 19h45)
Je repars donc sans dormir depuis 42h. le contrôle m'annonce 101eme, (forcement un paquet de monde dort, donc je leur passe devant)
je reçois qqes sms me félicitant du classement, je les prends au sérieux et pars en relançant.
on traverse qqes villages, puis une énorme ascension de 1700d+, je commence à m'endormir en marchant. le soleil se leve, ça m'aide à resté éveillé. sur le coté d'un sentier un gars s'est allongé pour dormir (pas top, si pres de la base de vie... bon je suis un peu dans le même cas, j'ai sommeil alors que je viens de sortir de la base, mauvais timing), j'arrive au ravito de sassa, je mange un coup, et repars : je vise le refuge de coda pour y dormir. un gars arrive au ravito quand je pars, il demande un lit pour dormir, il s'appelle Serkan, je ferai un bout de route avec lui le jour d'apres
sur le papier Coda a l'air à coté (5km, mais surtout 1000d+....) je monte bien mais la fatigue est la, je somnole, heureusement c'est tres joli.
tiens voila un col, mais ce n'est pas celui du refuge... allez on va bien y arriver. j'entends de la musique, c'est sur on y est !!!
heu non, un vieux gars est monté avec un haut parleur branché sur un ipod (?) et fait profiter toute la vallée. 2 gars devant discutent avec lui, je ne comprends pas l'italien mais il n'a pas l'air d'avoir toute sa tête. les 2 gars abandonnent et on finit la grimpette à 3.
le COL enfin !!
mais un brouillard de folie est monté, on n'y voit rien, le chemin continue sur un arete, je regarde le paysage bouché, mais apres 45h sans dormir on imagine tres bien.
par contre en somnolant on est un peu moins vigilant, dans une caillasse, le baton se coince, je perd l'équilibre et tombe. le baton se casse, mega fuck !!
bon, ouf, je suis tombé a coté du baton cassé (j'aurais pu me faire tres mal) mais meeeeeeeerrrrrrrddddddeeeeeee! a cause de 1 sec d'inattention j'ai cassé mes batons (enfin non, ceux de ma femmes en fait.... deux fois oups)
j'arrive à coda, depité. Vu le parcours, ca va être couillu sans bâton... j'appelle V. pour lui indiquer mon histoire, que je vais me coucher, et surtout pour la prévenir que je serai pas à l'heure prévue à Niel :(
, mais pas de réseau :(
bon... rien à faire, je pars me coucher dans le refuge, dans un lit, top !
Le dodo dure environ 1h, ensuite je grignote un coup, ça fait un bien fou ! et je retente ma chance avec le réseau
et ça marche:
Votre serviteur:
Bonjour Chérie, plusieurs points: 1/ j'ai cassé tes batons, tu peux m'en trouver d'autres?
Chérie:
merci...ok, je regarde, quoi comme baton?
Votre serviteur:
des mega costauds, pas des trails flexibles/legés; et 2/ je ne serai pas à Niel à 14h comme prévu et je ne sais pas trop combien de temps il me faudra...
Chérie:
ouch!! je suis déja en route, y'a des trucs à faire dans le village en t'attendant?? de toute facon je quitte Niel vers 18h30 pour avoir le temps de rentrer à l'hotel (courmayeur)
Votre serviteur:
18h30 !!!! ouch, c chaud, je bourrine, rdv à niel
je grignote un truc au ravito et boum, mode warrior ON, il est 11h30, Reste 5h
Je bourine comme un con, je descends comme une balle, dépasse des coureurs qui doivent se demander comment on peut être aussi con de descendre comme ça.
dans mon épopée, je ne suis pas seul:j'ai croisé un chien, il a l'air content d'avoir trouvé un partenaire de jeu, il me suit !!
45 min plus tard le ravito Lago Vargno(au lieu de 1h30), je suis une brute de l'espace, déja 45 min de gagnées !!!! dans 1h je suis à niel !
Hum, j'ai beau pas être bilingue en italien, lago me semble avoir un rapport avec de l'eau, alors que la, rien.... bizarre
bon en fait il s'agit d'un Ravito sauvage devant une maison(tres chouette par ailleurs).... on reviendra pour la brute de l'espace...bon, je repars avec le chien qui tranquillou était parti dans la maison...
un poils plus loin, ca picotte au niveau du gros doigt de pied gauche, je m’arrête, le constat est sans appel: une ampoule.
Hop, je prends l'épingle du dossard, je taillade l'ampoule et je mets un compeed (enfin un ersatz de compeed....) mais il ne tient pas. On va pas se laisser emme... par un compeed: je prends du strap et l'enroule autour du doigt de pied, nickel, je suis super content de moi !!
Une montée, une rencontre avec 2 randonneuses qui elles aussi avaient un chien et j’arrive au lago vergno. Le chien est resté avec l’autre chien, au grand désespoir des randonneuses
J’avais prévu 1h30 entre coda et le lac, vu comme j’ai foncé, j’ai du gagner….. rien. Un poil déçu je m’arrête au ravito et prends mon temps. Pffiou, j’ai cravaché pour rien gagner c’est frustrant
On discute avec les bénévoles, et hop direction le col marmontana, avec toujours le stress d’arriver à Niel dans les temps (plouf) pour récupérer les bâtons (et bien sur pour te voir, ma chérie !!)
Mode commando, on avance bien, tiens c rigolo ils ont du avoir une restriction du budget sur cette partie car il n’y a pas bcp de balisage. Tiens, ca fait un moment que j’en ai pas vu. Bon, encore un virage, tjs rien, je ralentis, je me retourne, rien devant rien derrière. Peut être après le prochain virage ? nope. Je repense à l’histoire du gars qui s’est trompé de chemin en 2013 et qui a été retrouvé en hypothermie dans une autre vallée….
Bon c’est décidé, je fais demi-tour, un poil gavé
Il ne doit pas être loin ce balisage
5 min
10 min
Toujours rien
Je descends toujours et arrive quasi au ravito de lago vergo et la, surprise je retrouve des fanions jaune…
Mega hyper super dégouté de la vie !!!!!! Quelle nouille !!!!
Je repars de plus belle, je rattrape un groupe, celui que j’ai dépassé juste après coda, tout ca pour rien ! Vert de chez vert, quelle double nouille !
Dans le chemin du col, je trouve que ma main picote, je regarde ce qu’il se passe : arghhh elephant man !! Mes mains ont enflé ! je décide d’enlever l’alliance (sorry chérie) histoire qu’elle ne bloque pas le sang. Ca me prendra bien 10 min à tirer comme une mule pour la faire passer (en trottinant les mains en l’air histoire de passer pour un fou), mais ouf, j’ai réussi et la planque dans une poche
Hop hop hop un dernier coup du cul pour atteindre le col marmotanna, il commence à pleuvoir, des mini grêlons sont même tombés ( !), mais je reste en t shirt, il fait bon, et je mets la protection de plus sur le sac : je fais pas mal d’effort, j’ai suffisamment chaud, mais je n’ai pas envie que mes affaires soient trempées.
De l’autre coté du col, un petit ravito sympa,
et on attaque le montée de créna Leu sur des rochers sous la pluie, un régal J
Du coup, comme je n’ai pas les bâtons, je peux bien utiliser les mains pour faire la grimpette.
Un joli passage nous amène au ravito du col vieccha, avec attention les yeux ; de la polenta cuite sur place dans un brasero, et …. De la bière pression ! Oui monsieur !
Punaise que ca fait du bien une petite mousse !
Je passe le col vieccha (faut pas de louper, le chemin est étroit et ça tombe à pic), et c’est parti pour la descente vers Niel.
C’est chaud car détrempée par la pluie (boue) et hyper glissant (dalle lisse)
Hop hop hop je saute tel le cabri, hop hop swiiiiiiip, je glisse sur une dalle et me ramasse sur le flanc : (gros) boum
Sonné, je reste bien 30-40 secondes au sol. J’ai un bol monstre, la tête n’a pas tapé sur le rocher, il s’en est fallu de peu…
Je me relève tout doucement, pas trop de bobo, éraflé sur les bras et les jambes, mais rien de sérieux. Punaise c’est passé près.
Je reste un petit moment assis pour reprendre mes esprits et je repars doux doucement. Je suis tjs à la bourre mais je ne me vois pas/plus prendre de risque dans cette descente.
Du coup je regarde le roadbook : ah mais flute, Niel n’est pas une base de vie…. Il reste encore un col (lasoney) et au moins 4h (5h pour moi) pour arriver à gressoney…. Merde !!!!!!
Finalement tout arrive, même le ravito de Niel !!!! Il est 18h30 mission accomplie !
Quelle journée ! 7h pour faire coda->Niel, au lieu de 5h30, le mode warrior est à revoir
V&L sont là qui m’attendent depuis 4h ( merci !) , que ca fait du bien de vous voir !!! on se met à l’abri dans le ravito/auberge/restaurant/hotel(?)/mairie de niel.
Je prends de la polenta, on discute, ca fait du bien
Mais tout a une fin, je me rhabille, récupère les bâtons (mille mercis !!!), et passe chez les docteurs pour montrer mes mains enflés et faire un check de la chute. C pas la méga pèche, mais la machine tourne encore
Un bisou, il faut rentrer pour faire manger/dormir la petite, et c parti pour le col lasoney
Direct, il pleut sévère (mais juste), je mets la goretex, car la pas moyen de passer en t-shirt, la nuit tombe, l’eau ruisselle, les pompes sont trempées, les pieds aussi, les jambes aussi (je reste en short).
La frontal éclaire la capuche, donc je n’y vois pas grand-chose. Ou bien j’enlève la capuche, mais je suis rincé.
Quelle merdouille !
Le col arrive, de l’autre coté il pleut toujours, c’est devenu un marais, avec 5-10 cm de flotte partout, j’ai de l’eau jusqu’aux chevilles, miam, je suis conquis, je passe un très bon moment, on se régale.
Plus loin je rattrape un gars : Serkan ! C’est le gars que j’avais croisé à Sassa, qui était allé se coucher. On repart ensemble en discutant, génial, que ca fait du bien de ne plus être tout seul !
Il fait la course avec son frère jumeau, ils se sont séparés il ya qqes temps et il essaye de le rattraper
On passe au ravito de loo (y es tu ?) on se fait un plateau de fromage, et on atteint le base de vie de Gressoney à 23h30, Hourra….
19h45 pour ce tronçon, (51 km 4762/3700) au lieu de 16h45, ca reste raisonnable
200km de faits (14700 d+ / 14500d-) en 61h. Reste 133 km, une paille !
Base de vie de Gressoney (3h30)
On se sépare avec Serkan, chacun fait sa vie, bonne continuation et à bientôt sur un prochain ravito !
Je me pèle, je suis trempé, je pars direct me doucher.
Je trouve un vestiaire avec douche et wc, tandis que je me réchauffe sous l’eau bouillante, on gars rentre et vient pisser à coté de moi, à la bonne franquette
Je me change, je mets mes affaire sèches (les chaussettes en pilou, miam) et pars me pieuter ; une grande salle, plein de lit et de coureurs, pas un bruit. Je n’ai pas pris de réveil, tant pis je m’endors comme une masse, on verra bien quand je me réveillerai (je n’ai pas envie de ressortie en chercher un)
Réveil en douceur, 1h de dodo environ, je pars manger du chaud, les yeux collés avec les lentilles, ca fait du bien. Je prends mon temps. Pas de trace de Serkan.
Puis je me change, prends une tenue de course et repars,
il est 3h du mat, je suis 77eme (!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!)
Gressoney - Valtournenche (36 km, 2880+/1733d-, 13h)
A priori c’est un tronçon facile (ce sera vrai), et ca démarre par une grimpette au col pinter
1er arrêt au refuge alpenzu, j’y rencontre Olivier (marcassin mercantour)
On discute et il me conseille de ne pas rater le ravito « aroulaz », c’est un ravito hors organisation mais qui est à ne pas louper
Je le remercie et repars
La montée est longue, et la fatigue revient, une espèce de demi-sommeil qui m’accompagnera le reste de la course. Le déficit de sommeil commence à frapper
Uen fois au col, le soleil se lève, ca donne un coup de boost et je commence la descente,
Un village et c’est l’aroulaz ! une fille m’accueille, bonjour, vous avez faim, soif, sommeil ? sympa, je dis oui et rentre dans la maison
C super chouette, plein de trucs à manger et à boire. Le sommeil me reprend, je pique du nez dans l’assiette
Vous avez sommeil, on a des chambres si vous voulez
Je décline poliment
Mes voisins me conseillent de faire une pause
J’accepte
On fait le tour de la maison, et elle m’ouvre uen chambre : le paradis !!
Un lit, une grosse couette, une douche/wc
J’en chialerais
Je me dessape, et boum au lit, le pied total !!!!
Je dors 1 ou 2h je ne me souviens plus trop, magique
Je me rechausse, tiens les chaussures ont rétréci (pour ceux qui connaissent, les moonraces, c pas super simples à mettre)
Je reviens dans la salle à manger, remercie tout le monde, et vois à la TV que le 1er vient de finir (mercredi matin….)
D’après ce que j’ai compris il est de la famille de la maison ou je suis, super ambiance.
Je mange encore un coup, remercie à nouveau et repars
Il fait beau, je viens de passer un moment fantastique, les paysages sont magnifiques, quel pied !!!
Je passe le ravito de Crest (dur dur pour la comparaison avec l’aroulaz), continue en balcon jusque St Jacques. Je remarque que je ne cours plus, je suis en marche rapide. Au bout de 222 km on a le droit !
À St jacques, je regarde mes jambes, bizarre, ca boudine au niveau des chevilles et genou, les pieds sont gonflés : œdème ??
Je vois avec un bénévole/médecin ( ?) du ravito, il me conseille d’enlever les manchons (cuisses et mollet) qui, semble t’il, gênent la circulation et provoquent ces gonflements et rétention d'eau.
Je repars donc tout nu pour le tourmalin et le col nanaz, tout se passe bien, il fait super beau !
Le col est un filou (tu crois que tu es arrivé, et non, ce n’est pas encore…) et puis si, on y est !
Je croise des chamois/bouquetins dans la très jolie descente vers valtournenche.
Les jambes commencent à couiner, je trottine doucement en descente, je sens que ca commence à fatiguer (240km quand même)
le col est un farceur (part 2)
même quand ça descend ça monte (mais c'est beau)
Au détour d’un virage je rattrape un gars que j’avais vu au ravito de st jacques. Super bizarre car je ne l’ai pas vu de toute la descente et d’un coup je suis à 2m derrière lui
Encore plus bizarre, il se retourne, me reconnait du ravito et m’engueule (??!!)
Bon, je dépasse mais je me demande bien ce qui a pu se passer (je crois qu’il a pensé que j’ai coupé le parcours pour arriver à le rattraper, mais je ne pense pas avoir raté le chemin, bon bref)
J’arrive dans valtournenche, et méga surprise : mes parents et ma tante sont là !!!! incredibleuh ! Ils ont fait la route pour me voir ! C’est super chouette !
On tente de passer sous l’arche avec la petite, comme sur les photos, mais non, elle pleure et veut partir, on repassera pour la photo de légende qu'on voit dans les magazines !
Nonobstant ma joie d’être en famille, je pars dans le gymnase de la base de vie pour dormir.
240km (17000 d+), 74h ça use ça use, reste moins de 100km ca sent bon, même si c’est encore loin….
Base de vie de valtournenche (3h10)
Dans le gymnase on est 5, dont 1 qui parle à son assistance, à (très) haute voix, merci les gars !
Bon, ca ne m’empêche pas de m’endormir en moins de 30 sec pour 1-2h
ensuite, un petit tour par la salle de bains, ou je croise une demoiselle en petite tenue (!non non, je ne me suis pas trompé de vestiaire, "no problem" me dit elle, et j'avais pas le bandeau...)
puis retour au ravito, je mange, discute avec la famille, fait des bisous et mon sac et repars
(Rigolo : je mets de plus en plus de temps à faire mon sac. Je mets les trucs, je les ressors, je compte, je fais 3 fois la même chose, on se moque de moi…)
Super chouette de voir du monde, même si j’étais un peu ailleurs, rien que leur présence donne un grand boost au moral
19h sonne, time to go